Mon idée d'app est-elle bonne ?
C’est sûrement la question qu'on me pose le plus souvent. Voici la méthode pour y répondre en trouvant/validant une bonne idée d'app (zone d'idée, jeux, momentum et founder-market fit).
Adishatz !
Aujourd'hui je te partage la méthode pour trouver (ou valider) une bonne idée d'app :
C’est sûrement la question qu’on me pose le plus souvent chez THE QUEST :
« Mon idée d’app mobile est-elle bonne ? »
Pour y répondre, il faut d’abord définir ce qu’est vraiment une « bonne idée ».
Ce que j'ai appris en construisant des apps (et en aidant d'autres à lancer les leurs), c'est qu'une bonne idée pour certains ne l'est pas forcément pour d'autres.
Quand tu veux évaluer une idée d’app, il ne suffit pas de juger l’idée en elle-même.
Il faut aussi regarder tout ce qui l’entoure : la zone d’idée, le jeu (et ses règles), le momentum, le founder-market fit, etc.
Pour certaines personnes, lancer une nouvelle app de rencontre est une excellente idée.
Pour d’autres, ça n’a aucun sens. Une bonne idée d’application, c’est avant tout une idée réalisable, et on n’a pas tous les mêmes ressources, les mêmes compétences, ou le même environnement pour la concrétiser.
L’objectif de cette édition, c’est de t’aider à trouver (ou valider) la bonne idée d’app pour toi. Je vais te partager les fondamentaux d’une zone d’idées intéressante, t’expliquer les différents jeux auxquels tu peux jouer (et leurs règles), et te parler du momentum et du founder-market fit, deux éléments clés pour bien évaluer une idée.
1/ Idée vs Zone d’idées
L’idée d’une app mobile (et de toute entreprise de manière générale) compte beaucoup moins qu’on ne le croit. On imagine souvent que le succès repose entièrement sur L’IDÉE révolutionnaire, tout droit sortie du cerveau d’un entrepreneur ayant eu une illumination… La réalité est très souvent différente. La majorité des Top apps/startups tech ont connu leur succès avec une idée bien différente de leur idée initiale.
Si l’idée en elle-même n’est pas si importante, l’alignement entre ta zone d’idée, le jeu auquel tu joues et le momentum, lui, est crucial.
A/ La zone d’idée
Au lieu de t’enfermer dans une seule idée figée, pense à une zone d'idée : un ensemble de solutions possibles à un problème précis pour un persona donné. Tu ne peux pas prévoir comment le marché réagira à ton idée, donc c’est important de confronter ton idée directement au marché et d’être prêt à la faire évoluer/changer en fonction des retours.
B/ Le jeu
Lorsque tu vas créer ta boîte, tu vas devoir décider à quel jeu tu veux jouer. Tu peux monter une petite entreprise locale, une PME nationale, une startup internationale… Chaque jeu a ses propres règles, ses codes, ses ambitions. Si tu veux maximiser tes chances de réussite, il faudra jouer selon les règles du jeu que tu as choisi.
C/ Le momentum
Le succès d’une idée dépend aussi du moment où elle arrive sur le marché. Trop tôt, le marché n’est pas prêt. Trop tard, il est déjà saturé. Ce qui compte, c’est de capter les bonnes tendances : changements technologiques, sociaux, économiques, culturels… Ceux qui surfent sur la bonne vague au bon moment prennent une longueur d’avance.
2/ La bonne zone d’idée
Une bonne zone d’idée part toujours d’un problème réel et important, rencontré par un groupe de personnes spécifique - prêt à payer pour le résoudre. Comme le souligne Blake Anderson, fondateur de Cal AI, une bonne idée résout un grand problème de manière simple (plutôt que de compliquer un petit problème).
Facebook est un excellent exemple de cette approche. Mark Zuckerberg s’est lancé à l’origine dans une bonne zone d’idée : faciliter la manière dont les étudiants communiquent entre eux. À l’époque, les plateformes existantes comme MySpace ou Friendster manquaient d’exclusivité, de structure et de vraies connexions entre utilisateurs.
Avant d'arriver au Facebook qu’on connaît, Zuckerberg a exploré plusieurs pistes dans cette zone d’idée, comme Facemash (site pour comparer les étudiants d’Harvard en fonction de leur attractivité), puis la toute première version de « TheFacebook », un simple annuaire numérique réservé aux étudiants. Ces essais successifs lui ont permis d’affiner progressivement son approche jusqu’à trouver la bonne solution au bon problème.
Pour identifier une bonne zone d’idée, pose-toi ces questions :
A/ Le problème est-il vraiment douloureux ?
Est-ce un problème récurrent ou seulement une frustration occasionnelle ?
Les personnes concernées cherchent-elles déjà activement des solutions ?
Ce problème impacte-t-il leur temps, leur argent, leur énergie ou leur bien-être de manière significative ?
B/ Qui a ce problème et combien sont-ils ?
Est-ce un petit groupe très engagé ou un marché large avec beaucoup de demandes ?
Sont-ils faciles à atteindre (via des communautés, des réseaux, des plateformes existantes) ?
Ont-ils un pouvoir d’achat suffisant pour payer une solution ?
C/ Existe-t-il déjà des solutions ?
Comment les gens résolvent-ils ce problème aujourd’hui ?
Les solutions existantes sont-elles inefficaces, compliquées, trop chères ?
Y a-t-il une opportunité d’offrir une alternative plus simple, plus rapide ou plus accessible ?
D/ Ce problème va-t-il exister (ou grandir) dans le futur ?
Est-ce une tendance durable ou un effet de mode ?
Les évolutions technologiques, sociales, économiques vont-elles renforcer ce problème ?
Est-ce que les nouvelles générations auront de plus en plus besoin d’une solution ?
Il vaut mieux explorer plusieurs solutions potentielles à un problème clairement identifié plutôt que d'essayer de trouver un problème à une solution figée. Pour ça, chacun a sa propre méthode : brainstorming, échanges, schémas, recherche terrain… L’essentiel, c’est de laisser émerger naturellement tes idées, puis d’affiner ton positionnement en fonction des retours du marché.
3/ Les différents jeux
Créer une entreprise, c’est un peu comme jouer à un jeu vidéo (ou au Monopoly), mais dans la vraie vie. Plusieurs façons de jouer s’offrent à toi, chacune avec ses propres stratégies & règles. Tu peux choisir de lancer une petite entreprise locale, une PME à l'échelle nationale, une startup à ambition internationale…
Selon le type de jeu choisi, tu seras confronté à des concurrents partageant des objectifs similaires. Ce contexte concurrentiel impose naturellement certaines règles et “bonnes pratiques”, associées au niveau de risque, au modèle économique et aux défis spécifiques du jeu entrepreneurial que tu as décidé de jouer. Parmi les différents « jeux entrepreneuriaux », deux approches radicalement opposées ressortent :
A/ L’approche disruptive (VC-backed)
C’est le jeu des entreprises qui cherchent à bouleverser des marchés existants. Les applications sociales, les marketplaces ou les plateformes reposant sur des effets de réseau en font partie (ex. : Amo, Hoppy, Tinder, TikTok).
Ici, l’objectif prioritaire est d’acquérir le plus grand nombre d’utilisateurs possible avant même de viser la rentabilité.
Sans financement externe, atteindre la masse critique nécessaire est quasiment impossible.
Ce modèle requiert d'importants investissements en acquisition et rétention avant de pouvoir espérer générer des revenus.
Le principal enjeu est de concevoir un produit avec un facteur viral élevé (« k-factor »), favorisant une croissance rapide et un effet de réseau exponentiel.
B/ L’approche autofinancée (Bootstrapped)
C’est le jeu des entreprises qui visent une rentabilité directe et rapide, en proposant une solution précise, ciblée et immédiatement monétisable. Elles ne cherchent pas forcément à bouleverser tout un marché, mais à résoudre efficacement un problème spécifique en générant rapidement du cash (ex. : Cal AI, Pov, Couple Joy, Vocabulary).
Le projet est autofinancé, évitant ainsi la dépendance à des investisseurs externes.
La rentabilité est recherchée dès les premiers utilisateurs grâce à une monétisation immédiate.
Ce modèle permet de garder un contrôle total sur le produit et son développement.
Une stratégie de croissance virale peut être un atout intéressant pour accélérer le développement sans budget marketing conséquent.
Ta « zone d'idées » doit matcher avec le jeu entrepreneurial que tu choisis. Si ton ambition est de créer la prochaine app de rencontre N°1, tu auras bien plus de chances en adoptant les codes des startups ambitieuses : levée de fonds, recrutement d’une équipe de haut niveau, stratégie de croissance virale, etc.
À l'inverse, si tu optes pour une approche autofinancée, cash-driven, privilégie des secteurs plus accessibles et niches, comme la carrière, l’éducation, la finance personnelle, les addictions, etc.
Évidemment, ce n’est pas tout blanc ou tout noir. Il existe plein d’exceptions et de passerelles entre les différents jeux. Mais généralement, ce sont plutôt les boîtes autofinancées qui évoluent ensuite vers un modèle VC-backed (et rarement l’inverse).
4/ Le bon momentum
Une idée peut être géniale, mais si elle est lancée trop tôt ou trop tard, elle risque de ne jamais décoller. Le timing est crucial pour une app (et tout autre business). Le marché actuel (ou futur proche) doit être prêt à l'accueillir, et les conditions doivent être favorables.
Beaucoup d’apps explosent grâce à un effet viral, mais disparaissent aussi vite, faute de rétention et d’adoption durable. À l’inverse, une idée qui s’inscrit au bon moment dans son marché a plus de chances de réussir si elle :
Profite d’un changement culturel ou technologique récent
Répond à une nouvelle attente forte des utilisateurs
Capte l’attention et l’engagement sur le long terme
Andrew Chen parle notamment de fake momentum, c’est l’illusion du succès rapide : une hype artificielle qui repose sur une tendance passagère sans réelle valeur durable. Si une idée ne tient que par un effet de mode, elle finira par s’essouffler dès que l’attention du public se déplacera.
BeReal par exemple, a profité d'un momentum réel en répondant à une nouvelle attente forte : l'authenticité sur les réseaux sociaux. À une époque où Instagram et TikTok dominaient avec des contenus très travaillés et souvent artificiels, BeReal a proposé une alternative : poster spontanément, sans filtres et sans mise en scène. L'application a ainsi capté l'air du temps, portée par un changement culturel majeur chez les jeunes utilisateurs, lassés des contenus idéalisés et en recherche d’authenticité.
5/ L’alignement Zone +Jeu + Momentum
Pour trouver la bonne idée d’app, tu dois explorer une zone d’idées en phase avec le jeu que tu veux jouer (et les compromis que tu es prêt à accepter). Ton idée doit aussi profiter d'un bon momentum (ou avoir une perspective de momentum futur). Mais surtout, elle doit te ressembler : plus ton idée est alignée avec ta personnalité, plus tu auras de chances d’aller loin avec. C’est ce qu’on appelle le « founder-market fit ».
Le founder-market fit, c’est l’alignement naturel entre un fondateur et son marché.
C’est quand tes compétences, ton expérience, ta vision et même ta personnalité font de toi la personne idéale pour porter une idée et la transformer en succès. Cet alignement augmente tes chances de persévérer, d’innover et de convaincre les autres (clients, investisseurs, partenaires) de te suivre.
C'est une notion qu'on voit beaucoup dans les startups, mais elle est essentielle pour n'importe quel créateur d'app : tu dois connaître intimement tes utilisateurs, leurs habitudes, leurs frustrations et leurs besoins. C'est cette compréhension profonde qui te permettra de construire la meilleure solution, celle qui s'intègre naturellement dans leur quotidien et répond à un vrai problème.
Pour répondre à cette question, tu peux te poser ces questions :
Suis-je bien placé pour résoudre ce problème ?
Ai-je une expertise, un réseau ou une légitimité dans ce domaine ?
Suis-je passionné ou au moins suffisamment intéressé pour y consacrer du temps et de l’énergie ?
Mon équipe et moi avons-nous les compétences nécessaires pour exécuter cette idée rapidement ?
Pour illustrer cet alignement, je pense que la fondatrice de Bumble, Wolfe Herd, en est un super exemple :
Elle connaissait le marché du dating sur le bout des doigts : ex-VP Marketing de Tinder, elle maîtrisait déjà les dynamiques et leviers de croissance d’une app de rencontre.
Elle comprenait intimement ses utilisateurs : en ciblant les femmes, elle a créé un positionnement fort et différenciant avec une approche "women-first", offrant une alternative crédible aux apps existantes.
Elle savait jouer le jeu des startups VC-backed : habituée à cet écosystème, elle avait les codes pour lever des fonds et s’imposer sur un marché ultra-concurrentiel.
👋 Trop cool que tu sois allé jusqu’au bout — j’espère que ça t’aidera !
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